mardi 22 juin 2010

I - 2. - c)

c) The Wiz fait un flop



The Wiz sort sur les écrans américains en octobre 1978. C'est un échec critique et un désastre au Box-Office. La plupart des critiques étaient dirigées contre Diana Ross qu'ils trouvaient trop vieille pour interpréter le rôle de Dorothy. La plupart s'accordèrent sur le fait que ce qui avait marché sur la scène de Brodway ne marchait absolument pas à l'écran, le scénario écrit par Joel Schumacher en prit donc pour son grade. Le film était en effet trop long, trop noir et effrayant pour les enfants et trop loufoque pour les adultes. Dans son History of the American Cinema[1], Charles Harpole décrivit le film comme "l'un des plus gros échecs de la décennie" et "le plus gros flop musical de l'année" C'en était fini de la carrière de Diana Ross au cinéma. Cependant, la seule note positive concernera la performance de Michael Jackson dans le rôle du Scarecrow. Les critiques noteront que Jackson possède un "véritable talent d'acteur" et qu'il "fournit les seuls authentiques moments mémorables du film". The Wiz marqua donc une victoire personnelle pour Michael, s'identifiant complètement au parcours de son personnage, ce fut pour lui une opportunité pour voir plus loin, de se sentir plus fort et plus confiant : "Travailler sur ce film m'a permis de comprendre de quoi sont fait les rois du monde et de quoi sont fait les géants. Cela m'a montré comment je peux croire en moi-même comme je ne l'avais jamais fait auparavant."[2] Pourtant, Michael Jackson ne pouvait pas ignorer l'échec retentissant du film, il en était anéanti, car depuis le début de sa carrière il n'avait jamais subi un échec professionnel de cette ampleur. Il se demandait s'il avait bien fait de tourner dans le film, peut-être aurait-il dû écouter sa famille, car cet échec était du pain béni pour les moqueries acerbes des frères Jackson. Entre remise en question professionnelle et épanouissement personnel, Michael Jackson n'était pas prêt à renoncer à son rêve. Si le cinéma ne voulait pas de lui, il faudrait ruser pour tirer de force le cinéma à lui.



DVD de The Wiz avant et après le décès de Michael Jackson



Arpenter la "Yellow Brick Road" du Cinéma


La seconde séquence importante du film incluant une performance de Michael Jackson suit de peu la première. Une fois descendu de son poteau aidé par Dorothy, l'Epouvantail rempli de paille a du mal à marcher. C'est en effet la première fois de sa vie qu'il descend de son perchoir et s'essaie à la marche. Cette particularité donne l'occasion à Michael Jackson de montrer toute l'élasticité de son corps par de multiples ondulations et l'on commence à percevoir les prémices de sa danse basée sur la désarticulation du corps. Dans ce morceau, Ease On Down The Road écrit par Charlie Smalls et Michael Jackson lui-même et produit par un certain Quincy Jones, Dorothy et Scarecrow découvrent la célèbre route de briques jaunes qui doit les mener, dans leur quête d'identité, jusqu'au WIZ, le Magicien d'Oz. Voilà en quoi The Wiz ne correspond pas seulement à la rencontre entre Michael Jackson et le cinéma, mais va bien plus loin dans le sens où le film est en fait la représentation métaphorique même de sa quête de cinéma. En effet, la Yellow Brick Road est cette célèbre route est le chemin tortueux qu'à choisi Michael Jackson pour rejoindre son rêve de cinéma.



C'est cette route que l'on retrouve dans son premier clip cinématographique Billie Jean : quelques années après The Wiz où l'on avait quitté Michael Jackson arpentant la Yellow Brick Road, on le retrouve sur ce même chemin devenu magique, fait de dalles lumineuses qu'il éclaire, déjà un peu magicien, en marchant dessus. Cette route symbolise réellement le trajet que doit parcourir Michael Jackson pour atteindre son rêve de cinéma. En effet, son entrée dans le cinéma avec The Wiz s'est faite par la grande porte, mais l'échec retentissant du film lui a fermé les portes d'Hollywood pour longtemps. Tous ses projets cinématographiques après The Wiz tomberont inexorablement à l'eau. La route qu'il doit empreinter est donc une route déviée, sinueuse, semblable à celle représentée dans le film de Lumet, à savoir comme des montagnes russes. Son parcours vers le cinéma sera constitué de réussites et d'échecs, d'ascensions et de chutes, avec une arrivée tragique sur l'écran de Cinéma.





Sur cette route, il rencontrera d'étranges et talentueux personnages nommés John Landis, Martin Scorcese, Francis Ford Coppola, David Lynch, David Fincher, Spike Lee ou encore Stan Winston qui l'aideront dans sa quête de cinéma. Avec eux, il incarnera tous les personnages du roman de L. Frank Baum, l'Epouvantail évidemment dans le film The Wiz, mais également le Lion à travers la panthère noire de Black or White ainsi que le très félin loup-garou de Thriller. Il interprètera l'Homme de Fer dans son long-métrage Moonwalker. On peut également voir dans la transformation androgyne du chanteur la volonté naïve d'intégrer aussi le personnage de la jeune Dorothy. Il devra d'ailleurs, comme elle, enfiler des souliers magiques, faits de rubis dans le film de 1939, ces célèbres mocassins avec lesquels il défiera la gravité, l'argent et les diamants des souliers d'origine se déplaceront sur ses chaussettes et sur un unique gant blanc. Au bout de son périple sur la route de briques jaunes, il trouvera des marches, rouges, celles du Festival de Cannes qu'il gravira avec jubilation en 1997 lors de la présentation de son moyen-métrage musical Ghosts, dans lequel il jouera in fine un sorcier, le Magicien d'Oz lui-même. The Wiz marque dès 1978 la naissance d'une ambition, d'une émancipation et de la quête d'une vie, un rêve de cinéma.


[1] Harpole, Charles. History of the American Cinema, 2003, Simon and Schuster

[2] Michael Jackson, The Magic & The Madness, J. Randy Taraborrelli, Pan McMillan, 2004

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